Sécheresse 2019 : halte aux fausses solutions

La sécheresse qui frappe la France en cet été 2019 fait planer une incertitude sur le retour éventuel à une situation normale. En effet, à la suite d’un hiver 2018 très sec, et compte tenu de prévisions météorologiques pessimistes, on peut se demander à quel horizon la pénurie d’eau actuelle prendra fin. Avec les mesures de restrictions sévères en termes de prélèvements d’eau, les pouvoirs publics et la population semblent commencer à prendre conscience de la gravité de la situation, mais ne vont pas jusqu’à remettre en cause les fausses solutions traditionnellement avancées. C’est le cas notamment pour l’eau à destination agricole.

SRL dénonce depuis de longues années le mythe des réserves d’eau que l’on remplirait en hiver pour s’en servir en été au moment de l’étiage de la plupart des cours d’eau. Le gouvernement vient ainsi d’autoriser une soixantaine de retenues d’eau entre 2019 et 2022 pour permettre l’irrigation de terres agricoles, ce qui relève du crétinisme absolu. On ne répétera jamais assez que de telles retenues d’eau (retenues collinaires, retenues de substitution, étangs, barrages) ne constituent pas la solution mais le problème ! Les étangs en Limousin en sont une bonne illustration. Nous sommes persuadés qu’en l’absence de tous ces étangs, il y aurait toujours de l’eau dans les ruisseaux et rivières des bassins versants concernés !
Toutes les études scientifiques montrent que les retenues d’eau peuvent constituer une réponse ponctuelle à une sécheresse limitée. Mais dans le cas de sécheresses longues comme celles qui se profilent aujourd’hui dans le contexte du réchauffement climatique, le stockage d’eau se révèle inefficace du fait des pertes d’eau par évaporation et de la perturbation du cycle de l’eau résultant de cette artificialisation des écosystèmes. La vraie solution réside dans la réduction de la demande en eau et dans la restauration des milieux naturels : zones humides, haies, sols… De nouvelles priorités dans les usages de l’eau doivent être reconnues, eau potable et préservation des milieux aquatiques en tête. On voit après la quantité d’eau qui reste pour les autres usages dont l’eau agricole.

Par rapport à cette problématique, on ne peut que saluer la note de positionnement de France Nature Environnement : « gestion quantitative de l’eau en agriculture ». Dans une synthèse très bien construite, FNE dresse une liste de préconisations pour une gestion soutenable de la ressource en eau. Huit propositions solidement argumentées sont avancées :
– Réaliser un bilan de l’impact environnemental de l’irrigation en agriculture.
– Mettre en place une gestion équilibrée de la ressource en eau : limiter et partager l’utilisation de l’eau.
– S’inscrire dans une politique structurante : la trame verte et bleue.
– Évaluer et contrôler les prélèvements, améliorer le respect de la réglementation.
– Revaloriser le prix de l’eau
– Suspendre les financements publics alloués aux projets de retenues.
– Améliorer la gouvernance pour la gestion de l’eau en agriculture, dont les équipements d’irrigation.
– Améliorer la réalité des études économiques pour les projets de retenues.

La conclusion est qu’en l’absence de l’abandon et du remplacement du modèle agricole productiviste actuel, il n’y aura pas de solution au problème de l’eau et des sécheresses chroniques qui se profilent à l’horizon.

Le Président, Jean-Jacques Gouguet

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